lundi 20 octobre 2008

Bloody opium eaters

L'autre, avec ses cheveux plaqués en arrière, ses grands yeux bleus tout plats comme ceux d'un bébé, son air perdu, évaporé. Il se regarde en dedans. Il a beau ne plus voir vraiment, il se regarde en dedans.

Comme le médecin, tout comme le médecin. Les mêmes yeux d'aveugle. J'ai peut-être été un peu trop féroce avec ce pauvre petit médecin aux grands yeux plats. Non, pas féroce, oublieuse. Moi seule sait ce que j'en ai pensé vraiment. Et c'était féroce. Pauvre petit bébé médecin, ta toute petite bouche de mangeur d'opium féminin, de bébé bougon, d'oisillon picpic. Irrrk.

L'autre avec ses cheveux plaqués et son air spectral, oh, si triste, et si abîmé par la vie. Et la femme blonde, elle, toute soumise comme on l'était à l'époque, toute douce et toute soumise. Elle ne dit pas grand-chose. C'est pas ce qu'on lui demande. Elle est lasse et triste elle aussi. Elle a un coude posé sur le comptoir et au bout de son bras flasque sa tête s'appuie. Elle ressemble à une fille que je connais. C'est fou ce qu'elle lui ressemble. D'ailleurs, cette fille s'habille un peu années trente. C'est incroyable comme les images se chevauchent dans un cerveau. Pour peu qu'il ait mangé un peu d'opium.

La soeur, la soeur avec ses nattes relevées au-dessus de sa tête toute aplatie, toute dure, comme la mienne, peut-être. Cette soeur qui manoeuvre pour récupérer la gamine, car elle a l'ovaire sec, ça se voit, ça se sent. Cette soeur doit pouvoir m'apprendre des choses.

Et déjà à mettre du rouge à lèvres.

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